L’Intention Positive : Une Invitation à Réinventer Nos Interactions
Adopter une posture d’intention positive consiste à supposer que les actions des autres sont motivées par de bonnes intentions, même lorsque leur comportement peut paraître déroutant ou frustrant. Cette approche humaniste, inspirée par des penseurs comme Carl Rogers et Abraham Maslow, propose une manière plus compatissante et constructive d’interpréter nos relations avec autrui et avec nous-mêmes.
Les Fondations Théoriques de l’intention positive
Carl Rogers : L’écoute empathique au cœur des relations humaines
Carl Rogers, célèbre pour son approche centrée sur la personne, insistait sur l’importance de l’empathie et de l’authenticité dans les interactions humaines. Selon lui, pour permettre à une personne de s’épanouir pleinement, il faut lui offrir un environnement où elle ressent une acceptation inconditionnelle.
Dans son livre On Becoming a Person, Rogers écrit :
« Lorsque je considère l’autre avec une acceptation positive inconditionnelle, cela libère une capacité étonnante de changement. »
Cette idée peut être directement appliquée à l’intention positive : au lieu de juger ou de réagir défensivement, il s’agit de créer un espace d’écoute active, où l’on cherche à comprendre les motivations profondes de l’autre.
2. Abraham Maslow : Comprendre les besoins fondamentaux
Maslow, dans sa célèbre pyramide des besoins, souligne que les comportements humains sont souvent motivés par des besoins non satisfaits. Si quelqu’un agit de manière agressive ou distante, cela pourrait être le reflet d’un besoin non comblé, comme la sécurité ou la reconnaissance.
Il écrit dans Toward a Psychology of Being :
« Ce que l’humain cherche, c’est l’épanouissement. Même dans ses erreurs, il poursuit une part de sa vérité. »
Comprendre cela nous invite à chercher au-delà des apparences immédiates pour voir la quête de sens ou de satisfaction qui motive chaque action.
Les Bienfaits d’Assumer une Intention Positive
1. Améliorer la communication
Adopter une intention positive facilite des dialogues ouverts et constructifs. Plutôt que de supposer une attaque personnelle ou une intention malveillante, on cherche à clarifier : « Qu’as-tu voulu dire ? » ou « Comment puis-je mieux comprendre ta position ? »
Par exemple, dans un conflit professionnel, au lieu de réagir sur la défensive à un feedback critique, une réponse basée sur l’intention positive pourrait être : « Je comprends que tu veuilles améliorer les choses. Peux-tu m’expliquer davantage ton point de vue ? »
2. Renforcer les relations
L’intention positive invite à une approche empathique qui bâtit des ponts au lieu de creuser des fossés. Les relations s’approfondissent grâce à un climat de confiance mutuelle.
Maslow disait :
« Le lien humain s’épanouit là où la sécurité psychologique est respectée. »
3. Favoriser un bien-être personnel
Assumer que les autres ont de bonnes intentions allège le fardeau émotionnel que peuvent engendrer les malentendus. Cela réduit l’anxiété et la frustration, et crée un état d’esprit plus serein.
Virginia Satir, pionnière de la thérapie familiale et figure emblématique de la psychologie humaniste, a développé des concepts profondément ancrés dans l’idée de croissance personnelle et relationnelle. Elle soulignait l'importance de croire en la bonté des autres pour nourrir cette bonté en nous-mêmes :
« Lorsque nous croyons à la bonté potentielle de l’autre, nous invitons aussi cette bonté en nous. »
L’un de ses concepts les plus influents, la congruence, repose sur l’alignement harmonieux entre nos émotions, nos pensées, nos paroles et nos actions. Pour Satir, une personne congruente est quelqu’un dont les paroles reflètent ses sentiments internes et dont les actions sont en phase avec ses valeurs. Cet alignement favorise des relations authentiques, où la communication devient plus claire et les malentendus moins fréquents.
« La congruence n’est pas seulement un outil pour la communication, c’est un moyen d’exister d’une manière qui inspire la confiance et renforce les liens. »
La congruence et l’intention positive
La congruence est un pilier fondamental de l’intention positive, car elle exige que nous soyons honnêtes non seulement envers les autres, mais également envers nous-mêmes.
Exercice pratique pour cultiver la congruence
Étape 1 : Identifiez une situation récente où vous avez ressenti un décalage entre ce que vous pensiez, disiez ou faisiez.
Étape 2 : Demandez-vous : "Quelles émotions ou valeurs étaient en jeu ? Comment aurais-je pu m’exprimer de manière plus authentique ?"
Étape 3 : Engagez-vous à ajuster votre communication lors de situations similaires pour refléter vos intentions positives.
L’impact de la congruence dans les relations
En adoptant la congruence, vous devenez une personne sur laquelle les autres peuvent compter, car vos paroles et vos actions inspirent confiance. Satir affirmait que cette authenticité transformait non seulement les relations familiales, mais aussi les interactions professionnelles et sociales.
Ainsi, la congruence et l’intention positive forment une combinaison puissante pour créer des relations fondées sur la confiance, l’empathie et la compréhension mutuelle.
La Neuroscience et l’Intention Positive
Comment votre cerveau répond à l’intention positive ?
Des recherches neuroscientifiques montrent que l’intention positive n’est pas qu’une philosophie : elle a un impact mesurable sur le cerveau. Lorsque nous choisissons de supposer de bonnes intentions chez les autres, nous réduisons l’activité de l’amygdale, la région du cerveau associée au stress et à la peur, et renforçons les connexions entre le cortex préfrontal et les circuits neuronaux liés à l’empathie.
Le Dr James Doty, neurochirurgien à Stanford, explique :
« Cultiver des pensées positives et compatissantes réoriente le cerveau vers des schémas neuronaux qui favorisent des comportements sociaux constructifs et une réduction du stress. »
Ce processus améliore non seulement notre bien-être personnel mais également nos interactions sociales. L’intention positive, en activant des mécanismes neuronaux associés à la confiance, permet de mieux naviguer dans les situations tendues ou ambiguës.
L’Oxytocine : L’Hormone de l’Empathie et de la Confiance
L’oxytocine, souvent appelée hormone de l’amour ou hormone du bonheur, joue un rôle central dans le renforcement des liens sociaux et la création de la confiance. Lorsqu’une personne adopte une intention positive envers autrui, le cerveau stimule la libération d’oxytocine, ce qui favorise des comportements prosociaux.
Selon une étude publiée dans Nature Reviews Neuroscience :
« L’oxytocine module les comportements sociaux en réduisant les réponses au stress et en augmentant la confiance interpersonnelle. »
Cela explique pourquoi l’intention positive peut désamorcer les conflits et encourager des relations plus harmonieuses. Par exemple, lorsque vous supposez que l’autre agit avec de bonnes intentions, vous facilitez un échange empathique et abaissez les barrières défensives.
La Méditation de Compassion et le Cortex Préfrontal
Des pratiques comme la méditation de compassion (ou loving-kindness meditation) montrent comment un entraînement mental intentionnel peut remodeler le cerveau. Une étude de l’Université du Wisconsin-Madison dirigée par le neuroscientifique Richard J. Davidson a démontré que cette forme de méditation entraîne une augmentation de l’activité dans le cortex préfrontal gauche, une zone associée aux émotions positives et à la régulation émotionnelle.
Davidson explique :
« Les individus pratiquant la méditation de compassion présentent une connectivité renforcée dans les circuits neuronaux impliqués dans l’empathie et l’attention. Cela montre que l’entraînement mental peut influencer directement nos réponses sociales. »
En outre, ces changements neurologiques sont corrélés à une diminution des niveaux de cortisol, l’hormone du stress, ce qui favorise un état mental calme et réceptif.
Ces découvertes neuroscientifiques montrent que l’intention positive n’est pas qu’un concept philosophique ou moral ; elle s’appuie sur des bases biologiques solides. En adoptant des comportements bienveillants et en pratiquant des exercices comme la méditation de compassion, nous pouvons littéralement reprogrammer notre cerveau pour favoriser la confiance, l’empathie et la résilience émotionnelle.
Conseil d’application : Essayez une pratique simple de méditation de compassion chaque matin pendant quelques minutes ou simplement en répétant une affirmation qui vous apaise.
Développer une Pratique d’Intention Positive
Prendre du recul face aux réactions impulsives : Avant de réagir, posez-vous la question : « Quelles pourraient être les intentions ou les besoins cachés derrière cette action ? »
Poser des questions clarificatrices : Par exemple, « Est-ce que tu voulais dire que… ? » Cela ouvre un espace pour mieux comprendre et éviter les interprétations erronées.
Se rappeler que chacun lutte avec ses propres défis : La célèbre phrase de Carl Rogers « Être humain, c’est être imparfait » illustre cette nécessité d’empathie et de tolérance.
Renforcer son Intelligence Émotionnelle
L’intention positive est un outil puissant pour développer son intelligence émotionnelle. En assumant que les autres ont de bonnes intentions, vous favorisez une gestion émotionnelle plus saine et augmentez votre empathie. Selon Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle repose sur cinq piliers :
Conscience de soi : Reconnaître ses propres réactions négatives et choisir de les réorienter.
Maîtrise de soi : Répondre avec calme et bienveillance, même face à un comportement inattendu.
Motivation : Se concentrer sur des objectifs communs plutôt que sur les frustrations personnelles.
Empathie : Se mettre à la place de l’autre pour comprendre ses motivations profondes.
Compétences sociales : Encourager des dialogues ouverts et respectueux.
Par exemple, chaque soir, vous pouvez noter une situation où vous avez supposé une intention positive chez quelqu’un. Demandez-vous comment cela a influencé vos émotions et vos interactions. Avec le temps, cet exercice deviendra une habitude qui enrichira vos relations.
L’Intention Positive au Travail et dans la Société
Dans un environnement professionnel, l’intention positive renforce la collaboration et l’efficacité des équipes. Elle permet aussi de désamorcer les conflits, en invitant chacun à explorer les solutions plutôt que de chercher un coupable.
Dans un contexte sociétal, cette approche encourage une perspective plus humaniste, réduisant les divisions et favorisant un dialogue ouvert sur des sujets complexes.
Quand l’Intention Positive Transforme une Relation Tendue
Parfois, un petit geste peut transformer un malaise. Par exemple, un manager faisait face à un collaborateur régulièrement en retard à des réunions importantes. Plutôt que de supposer un manque de respect, il a choisi de discuter avec bienveillance. Il a appris que son employé traversait une période difficile, jonglant avec des responsabilités familiales imprévues. Grâce à cette conversation, le manager a pu proposer des ajustements d’horaire et des solutions adaptées.
Cette approche a non seulement résolu le problème de ponctualité, mais aussi renforcé la confiance entre les deux personnes. L’intention positive a permis de transformer un conflit potentiel en opportunité de croissance et de collaboration.
Une philosphie de vie ?
Assumer une intention positive, c’est choisir de voir le monde avec une perspective empreinte d’espoir et d’empathie. Comme l’a dit Abraham Maslow :
« La vie devient beaucoup plus simple quand on choisit de croire que chacun fait de son mieux avec ce qu’il a. »
Cette démarche, bien que parfois exigeante, offre des retombées inestimables : des relations plus riches, un bien-être accru et une contribution à un monde plus compréhensif et collaboratif.
Les Petits Pas Quotidiens
Transformer l’Intention Positive en Habitude
La clé pour intégrer l’intention positive dans votre quotidien est de commencer par de petites étapes. Voici trois pratiques simples :
La règle des 5 secondes : Avant de réagir à une situation qui vous frustre, respirez profondément et comptez jusqu’à cinq. Demandez-vous : « Et si cette personne avait fait de son mieux ? »
Remplacer les jugements par des questions : Plutôt que de penser : « Pourquoi est-il si irresponsable ? » Remplacez par : « Que se passe-t-il dans sa vie pour qu’il agisse ainsi ? »
Pratique de pleine conscience : Méditez sur une situation de malentendu récente et demandez-vous : « Si je suppose que cette personne faisait de son mieux, comment puis-je interpréter différemment ses actions ? »
Écriture introspective : Notez chaque jour trois situations où vous avez choisi de croire aux bonnes intentions des autres. Observez comment cela modifie votre perception de ces interactions.
Communication non violente (CNV) : Reformulez vos phrases en intégrant des mots qui reflètent vos observations et vos besoins : Par exemple : « Quand tu es en retard, je me sens frustré(e) parce que j’ai besoin de ponctualité pour bien organiser mon travail. Peux-tu m’expliquer ce qui se passe de ton côté ? »
Avec le temps, ces pratiques transforment non seulement vos relations, mais également votre vision du monde. De petites habitudes qui peuvent transformer vos interactions au quotidien et votre sentiment de bien-être malgré le monde chaotique dans lequel on vit.
Une Vision Interculturelle
L’intention positive est pratiquée différemment selon les cultures, le principe reste universel et existe depuis très longtemps. Plusieurs sont exaspérés d’entendre des injonctions, voulant que tous doivent pratiquer la bienveillance ou être résilients. Ce qu’il faut surtout retenir c’est que privilégier la compréhension plutôt que le jugement… est un conseil partagé depuis des millénaires dans différentes cultures.
Japon (Philosophie zen) : Le concept de « shoshin » (esprit du débutant) encourage l’ouverture et le non-jugement, créant un espace pour comprendre l’autre sans préjugés.
Afrique (Ubuntu) : « Je suis parce que nous sommes » met en avant l’interdépendance et la bienveillance dans les relations humaines.
Ces perspectives nous rappellent que l’intention positive transcende les frontières culturelles et peut enrichir nos interactions au quotidien.
Premières Nations d’Amérique du Nord, le concept de Mitakuye Oyasin (Lakota) exprime l’idée que tout dans l’univers est interconnecté. Cette vision holistique invite à percevoir les actions des autres comme faisant partie d’un tout plus grand, où chaque individu contribue à l’équilibre collectif. Supposer une intention positive devient alors une manière de maintenir cette harmonie.
• Europe
Tradition Greco-romaine
Selon Épictète, « Nous ne sommes pas troublés par les événements, mais par la manière dont nous les interprétons. » Cela reflète l’idée que choisir de croire en l’intention positive des autres peut atténuer les émotions négatives et favoriser des relations plus sereines.
En cultivant l’intention positive, nous contribuons à créer un monde où la compréhension et la compassion l’emportent sur le jugement. Imaginez l’impact collectif si chacun choisissait de croire au meilleur chez autrui, un geste à la fois.
Références :
Maslow, A. H. Motivation and Personality (1954).
Maslow, A. H. Toward a Psychology of Being (1962).
Rogers, C. R. On Becoming a Person: A Therapist's View of Psychotherapy (1961).
Rogers, C. R. A Way of Being (1980).
Satir, V. Peoplemaking (1972).
Doty, James R., Into the Magic Shop: A Neurosurgeon’s Quest to Discover the Mysteries of the Brain and the Secrets of the Heart, Avery, New York, 2017.
Richard J. Davidson, John F. Sheridan, Antoine Lutz, et al., Alterations in Brain and Immune Function Produced by Mindfulness Meditation, Psychosomatic Medicine, 2003. Cette étude examine comment des pratiques de méditation, y compris la méditation de compassion, peuvent modifier l'activité cérébrale (en particulier dans le cortex préfrontal) et améliorer les réponses immunitaires. Les participants ayant pratiqué la méditation montrent une activité accrue dans le cortex préfrontal gauche, une région liée aux émotions positives, ainsi qu'une diminution du stress perçu.
Oxytocin reduces a chemosensory-induced stress bias in social perception, Nature (2019).
Intranasal Oxytocin Administration Dampens Amygdala Reactivity towards Emotional Faces in Female and Male Human Participants, Nature (2016).
Goleman, Daniel, Emotional Intelligence: Why It Can Matter More Than IQ, (1995).
Aurelius Marcus, Hays Gregory, traduction anglaise Pensées pour moi-même (Meditations), Livre XI, où Marc Aurèle développe l'idée que les actions des autres sont souvent le résultat de leur ignorance ou de leur perspective limitée. Édition : Marcus Aurelius, Meditations (2002).
Épictète, Carter Elizabeth, traduction anglaise Le Manuel (The Enchiridion), Chapitre 5 (1758).
Ross A.C., Oyasin Mitakuye, We Are All Related (1990).
Dans une boutique de magie, une rencontre improbable a marqué un tournant décisif dans la vie de James. Grâce à Ruth, il a découvert des techniques de relaxation et de visualisation qui allaient transformer son existence. Aujourd’hui, devenu neurochirurgien et entrepreneur, James applique toujours les leçons de sa mentor.