L’assassinat d’un créateur 🔻

Vous n'en avez peut-être pas entendu parler. Il y a une série sur Netflix qui a eu beaucoup de succès, American Crimes en 2018.

Le narcissisme au cœur d’un drame : comprendre pour mieux s’en prémunir.

L’assasinat d’un créateur 🔻par Sylvie Gendreau

L’assasinat d’un créateur 🔻 Le blog du Nouveau Leadership par Sylvie Gendreau

La deuxième saison de la série porte sur l'assassinat du couturier Gianni Versace par un tueur en série américain, Andrew Phillip Cunanan. Désolée, le sujet est glauque. Je sais. Mais nous avons eu une conversation enflammée avec des amis. Et bien sûr, j'ai pensé à vous.

Le procédé cinématographique utilisé est le « flash-back ». Vous l'avez peut-être remarqué, c'est une technique très populaire. Au lieu d'avancer de manière linéaire dans une histoire, on procède avec une série de flash-back. 

Une des tendances actuelles au cinéma, c'est de multiplier les scènes vécues auparavant. Dans le désordre. À répétitions. En d'autres mots, par exemple, un film commence en 1997. La scène suivante se passe en 1993. L'autre en 1995. Et ainsi de suite. Il vaut mieux être attentifs, si on ne veut pas perdre ses repères.

Pour la série sur l'assassinat de Gianni Versace, cette technique est énormément utilisée. Et elle est efficace. Pendant toute la série, on ne comprend pas comment un jeune homme qui pourrait avoir une vie différente dérape.

La plupart des personnes qu'il tue sont des personnes qu'il aime, qu'il a aimées ou qu'il admire. C'est seulement à la dernière émission que nous comprenons. L'histoire de son enfance est révélée. D'une certaine manière, il a concrétisé le rêve que son père avait pour lui. Il voulait qu'il soit spécial, différent de tous les autres.

Cette série m'a fait réfléchir... au danger que peut représenter le narcissisme.

Selon certaines études, la prévalence du trouble de la personnalité narcissique serait d’environ 0,5 % à 1 % de la population générale, et peut monter jusqu’à 6,2 % selon d’autres recherches. (1)

Plus nous donnons du pouvoir à des pervers narcissiques, plus le monde est en péril. Ils n'ont aucune limite pour arriver à leurs fins.

Mais lorsque nous prenons le temps de comprendre les histoires qui ont fait d'eux ce qu'ils sont devenus, cela nous aide à réfléchir. Plusieurs études suggèrent l’influence de facteurs génétiques, des styles d’attachement et du contexte familial sur le développement du TPN. (2)

Parfois, leur histoire commence par une faible estime de soi... (narcissisme vulnérable) et c'est en combattant ce sentiment qu'ils ressentent comme une injustice qu'ils s'inventent un nouveau personnage qui suscitera l'admiration, la crainte...

Ce personnage inventé leur permet de soulager la douleur qu'ils ressentent lorsqu'ils sont pleinement eux-mêmes. Certains d'entre eux ont également été maltraités. C'est la façon qu'ils ont trouvée pour sortir de leur condition.

C'est pourquoi, pour une personne narcissiste, être confrontée est une torture (car sous la coquille, c'est vide). Sa fausse personnalité ne lui permet pas des remises en question qui feraient ressortir l'authenticité, la vérité.

Ceux qui les entourent sont des fans qui se soumettent à leur volonté. Et si l'admiration s'estompe, ils attaqueront physiquement, mentalement ou verbalement. Car toute remise en question risque de faire resurgir la vraie personne, celle qui a souffert.

Jerrold M. Post est un pionnier dans le domaine du profilage de personnalité politique. Le psychiatre spécialisé dans les problèmes d'estime de soi a étudié les cas d'Oussama Ben Laden et de Saddam Hussein. Comme il est mentionné dans la présentation de l’ouvrage, Leaders and Their Followers in a Dangerous World: The Psychology of Political Behavior « Qu'est-ce qui pousse les leaders à diriger et les suiveurs à suivre ? Comment Oussama Ben Laden, le fils d'un magnat de la construction multimilliardaire en Arabie saoudite, est-il devenu le terroriste numéro un au monde ? Quels sont les fondements psychologiques de l'inhumanité de l'homme envers l'homme, du nettoyage ethnique et du génocide ? Jerrold M. Post soutient que de telles questions ne peuvent être répondues que par une compréhension des fondements psychologiques de la personnalité du leader et du comportement politique. Post a été directeur fondateur du Center for the Analysis of Personality and Political Behavior pour la CIA. » (3)

Chacun de nous est la fabrique de ses histoires.

Une bonne estime de soi peut se distinguer du narcissisme pathologique par le maintien d’une empathie réelle et d’une conscience de soi nuancée. (4)

Une personne narcissisiste devrait rechercher de l’aide. La psychothérapie psychanalytique, la thérapie cognitive et comportementale (TCC), ou encore la schema therapy peuvent apporter un soutien aux personnes atteintes de TPN. (5)

Malheureusement, les personnes ayant un TPN consultent rarement, sauf en situation de crise (dépression, rupture, etc.). Leur réticence à se remettre en question peut entraver la thérapie (6).

Ainsi, il est important d’encourager les personnes pouvant souffrir de narcissisme de rechercher de l’aide de professionnels. Plusieurs ressources sont disponbiles selon la ville ou le pays où vous vous trouvez, une des expertes reconnues est la doctoresse Elsa Frideborg Ronningstam, Ph.D., professeure associées en Psychologie au département de Psychiatrie de l’université Harvard.

« AVANT D'ÊTRE UNE NATURE, L'HOMME EST UNE HISTOIRE. » Gaston Bachelard

Nous pouvons prévenir ou aider le développement d’un narcissisme léger à l’aide du ‘storytelling’.

Apprendre à créer ses propres histoires, nous aide à non seulement mieux nous connaître, mais également à mieux comprendre les histoires de ceux qui nous entourent.

Que ce soit dans une famille ou au sein d’une équipe, les plus heureux ne sont pas ceux qui côtoient et vivent avec les plus intelligents et les plus brillants.

Nous sommes plus heureux lorsque nous nous entendons bien avec les membres de notre famille, nos amis ou nos coéquipiers. C'est l'entente entre nous qui fait toute la différence.

Écrire son histoire permet d’apprécier ce qui nous rend le plus heureux.

Écrire les histoires que nous aimerions vivre nous aide à créer nos vies. À les réenchanter. Et à les vivre plus consciemment.

Développer l'habitude d'écrire son histoire est une approche intéressante.

Si une personne qui a des tendances narcissiques (ou non) accepte de faire ce travail, elle pourra mieux comprendre certaines de ses ressentis et réactions. Parce qu’elle a créé ce personnage narcissique (ou d'un autre type), elle peut en créer un autre qui aura autant de succès (sinon plus).

La personne qui souffre d’un narcissisme extrême, toutefois, est très heureuse d'être narcissique. Elle sait qu'elle l'est, et elle en est fière. Elle ne souhaite rien changer.

Tout est une question d'intensité. Et des choix que nous avons envie de faire.

Si vous êtes un créateur, un dirigeant ou un entrepreneur, vos histoires peuvent constituer la matière première de vos futurs projets ou créations. C’est le cas pour un grand nombre d'artistes, de cinéastes et de fondateurs d'entreprises. C’est également un exercice amusant à faire en équipe.

Vous pouvez lire plus d’articles sur ce le narcissisme dans le Laboratoire créatif :

Vouloir briller à tout prix 🔘

🔻 Que faire lorsqu’on ne s’aime pas assez ?

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Pour une aide médicale, veuillez consulter les ressources ci-dessous.

Références:

  1. Stinson et al. (2008), Prevalence, correlates, disability, and comorbidity of DSM-IV narcissistic personality disorder, The Journal of Clinical Psychiatry.

  2. Livesley, W. J., & Jang, K. L. (2008), The behavioral genetics of personality disorder, Psychiatric Clinics of North America.

  3. Post, Jerrold M. (2004) Leaders and Their Followers in a Dangerous World: The Psychology of Political Behavior

  4. Ronningstam, E. (2005). Identifying and understanding the narcissistic personality. Oxford University Press.

  5. Young, J. E., Klosko, J. S., & Weishaar, M. E. (2003). Schema therapy: A practitioner’s guide. Guilford Press.

  6. Kernberg, O. F. (1975). Borderline conditions and pathological narcissism. Jason Aronson.

    Ressources

    Organisation Mondiale de la Santé (OMS)

    https://www.who.int/

    Pour des informations globales sur la santé mentale et la prévention des troubles de la personnalité.

    American Psychological Association (APA)

    https://www.apa.org/topics/personality-disorders

    L’APA propose des articles accessibles sur différents troubles, y compris ceux de la personnalité.

    Canadian Psychological Association (CPA)

    https://cpa.ca/

    Informations variées sur la santé mentale au Canada et annuaires de professionnels.

    National Institute for Health and Care Excellence (NICE) (Royaume-Uni)

    https://www.nice.org.uk/guidance/conditions-and-diseases/mental-health-and-behavioural-conditions

    Le NICE fournit des directives et recommandations basées sur des preuves scientifiques, notamment pour les troubles de la personnalité.

    Mental Health Europe (MHE)

    https://www.mhe-sme.org/

    Fédération européenne d’associations de santé mentale, qui fournit des ressources et publications en plusieurs langues.

    Mind (Royaume-Uni)

    https://www.mind.org.uk/

    Association caritative britannique proposant des informations et un soutien pour différentes problématiques de santé mentale, y compris la personnalité narcissique.

    Canadian Mental Health Association (CMHA)

    https://cmha.ca/

    Des informations sur la santé mentale et les services canadiens.

    National Alliance on Mental Illness (NAMI) (États-Unis)

    https://www.nami.org/

    Propose des programmes, des groupes de soutien et des ressources sur toutes sortes de troubles mentaux.

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