Mieux-être et Longévité : Écrire et Lire pour vieillir en meilleure santé
Les compétences linguistiques acquises tôt dans la vie seraient associées aux fonctions cognitives et à la prévalence de la maladie d'Alzheimer à un âge avancé. Cette étude s'appuie sur les données recueillies auprès de religieuses américaines participant à l'étude des sœurs de Notre-Dame, principalement issues de couvents dans la région de Milwaukee aux États-Unis.
Les chercheurs ont analysé les autobiographies manuscrites rédigées par les religieuses lorsqu’elles avaient en moyenne vingt-deux ans. Deux mesures de la capacité linguistique ont été mesurées : la densité d'idées et la complexité grammaticale.
Cinquante-huit ans plus tard, les participantes ont de nouveau subi une évaluation de leurs fonctions cognitives et, pour celles qui sont décédées, une évaluation neuropathologique pour diagnostiquer la maladie d'Alzheimer.
L'étude inclut quatre-vingt-treize religieuses âgées de 75 à 95 ans au moment de l'évaluation cognitive, et 14 d'entre elles, âgées de 79 à 96 ans, ont été étudiées pour la maladie d'Alzheimer après leur décès.
Pourquoi avoir fait appel à des religieuses ?
Les religieuses de la congrégation des Sœurs de l'École de Notre-Dame suivent des modes de vie très similaires. Elles vivent dans les mêmes bâtiments, mangent la même nourriture, et ont accès aux mêmes soins médicaux. Cette uniformité réduit considérablement les variables confondantes qui pourraient autrement influencer les résultats de l'étude, tels que les différences dans le mode de vie, l'alimentation et les soins de santé.
Les religieuses ont souvent laissé des archives détaillées, incluant des autobiographies manuscrites écrites à un jeune âge. Ces documents fournissent des échantillons précieux de leur capacité linguistique à un moment antérieur de leur vie, ce qui est crucial pour l'étude.
De plus , les religieuses étaient disposées à s'engager dans une étude longitudinale. Elles ont accepté de subir des évaluations annuelles de leurs fonctions cognitives et physiques, et de donner leur cerveau pour une analyse post-mortem. Ce niveau d'engagement est rare et extrêmement précieux pour la recherche longitudinale sur des maladies telles que la maladie d'Alzheimer.
Finalement, les religieuses de cette congrégation ont généralement un bon niveau d'éducation, ce qui aide à minimiser l'effet des différences éducatives sur la capacité cognitive. Cela permet également de tester l'hypothèse que la capacité linguistique précoce, plutôt que l'éducation formelle, peut être un marqueur de la réserve cognitive et un indicateur de la vulnérabilité à la maladie d'Alzheimer.
Les résultats de l’étude sont les suivants :
Une faible densité d'idées et une faible complexité grammaticale dans les autobiographies sont associées à de faibles scores aux tests cognitifs en fin de vie.
La densité d'idées a montré une association plus forte et plus cohérente avec une mauvaise fonction cognitive que la complexité grammaticale.
En ce qui concerne la maladie d'Alzheimer, parmi les quatorze religieuses décédées, toutes celles ayant une faible densité d'idées avaient la maladie d'Alzheimer confirmée, tandis qu'aucune de celles avec une haute densité d'idées ne l'avait.
Les tests neuropathologiques montrent que les religieuses avec une faible densité d'idées avaient un nombre significativement plus élevé de neurofibrilles dans le néocortex et l'hippocampe, un marqueur de la maladie d'Alzheimer.
Les capacités linguistiques précoces sont un puissant indicateur des fonctions cognitives et du risque de maladie d'Alzheimer à un âge avancé. La faible densité d'idées est particulièrement prédictive de la mauvaise performance cognitive et de la présence de la maladie d'Alzheimer. L'étude suggère que les capacités linguistiques précoces pourraient refléter une réserve neurocognitive qui protège contre le déclin cognitif et la démence.
Quelles conclusions doit-on en tirer ?
Les résultats indiquent que les capacités linguistiques en début de vie peuvent servir de marqueurs potentiels pour le risque de déclin cognitif et de maladie d'Alzheimer. L’étude souligne l'importance des compétences linguistiques comme indicateurs de la santé cognitive à long terme et laisse à penser que toutes initiatives visant à accroître les capacités linguistiques en début de vie seraient les bienvenues.
Mais que veut-on dire au juste par densité d’idées, et comment la mesurer ?
Les problèmes de mémoire épisodique et de langage expressif sont des signes précoces de la maladie d'Alzheimer (AD) et d'autres formes de démence. L'analyse des discours narratifs, plutôt que des tests standardisés de langage, permet de mesurer de manière plus écologique la capacité à communiquer des pensées et des idées.
Il existe un manuel, le manuel Analysis of Idea Density qui vise à fournir une méthode standardisée pour analyser la densité d'idées (ID) dans les discours narratifs, en particulier pour détecter les changements subtils dans la capacité à utiliser des connaissances sémantiques, souvent observés chez les adultes âgés avec ou sans déficience cognitive.
Le manuel détaille comment préparer un échantillon de discours pour analyse, identifier les idées et calculer la densité d'idées. Les participants sont invités à décrire des expériences de vie, comme leurs vacances préférées ou leur mariage, pour obtenir des échantillons de mémoire ancienne. Cette information est ensuite transcrite.
Comment le texte est-il analysé ?
L’Identification des idées
1 - Création: Comprend le verbe, le sujet et l'objet direct d'une phrase.
2- Modification : Inclut les adjectifs, les adverbes, les déterminants et d'autres éléments qui fournissent des détails supplémentaires.
3- Connecteurs : Mots ou phrases qui montrent la relation entre plusieurs idées.
La Densité d’idées
Et enfin le calcul de la Densité d'Idées qui est calculée comme étant le nombre d'idées par dix mots dans un échantillon de discours. Par exemple, un extrait de discours avec vingt-sept idées sur soixante-deux mots a une densité d'idées de 4,35.
Le manuel constitue un outil précieux pour les cliniciens et les chercheurs cherchant à comprendre et à quantifier les changements dans la capacité de communication des individus atteints de troubles cognitifs.
Une étude suédoise
D’autres études viennent confirmer celle des sœurs de Notre-Dame. Une étude suédoise explore comment les bonnes notes obtenues à l'école primaire peuvent réduire le risque de démence plus tard dans la vie.
Elle analyse la relation entre les capacités cognitives précoces, mesurées par les notes scolaires, et le risque de démence à un âge avancé. Les chercheurs ont utilisé les notes scolaires de l'enfance comme indicateur des capacités cognitives précoces.
7,574 individus âgés de 65 ans et plus ont participé à l’étude, sur une période de plus de 20 ans. Plusieurs données ont été recueillies, dont les notes scolaires à l'âge de dix ans, le niveau d'éducation atteint et la complexité des emplois exercés à l'âge adulte.
Les résultats sont les suivants :
Les enfants ayant obtenu les moins bonnes notes (les 20% plus faibles) à l'âge de dix ans avaient un risque 21% plus élevé de développer une démence plus tard dans la vie. Les capacités cognitives précoces sont ainsi un facteur prédictif du risque de démence même après avoir considéré l'éducation et la complexité des emplois exercés à l'âge adulte.
Les personnes travaillant dans des emplois nécessitant une expertise avec les données et les chiffres avaient un risque de démence réduit de 23%.
Le risque de démence le plus faible (réduction de 39%) a été observé chez les individus ayant à la fois de bonnes notes scolaires et des emplois complexes avec les données.
Deux concepts prédictifs sont ici mis en évidence :
La réserve cognitive : La capacité cognitive précoce forme une réserve cognitive qui peut protéger contre le déclin cognitif et la démence plus tard dans la vie.
L’engagement intellectuel continu : L'engagement intellectuel continu, à travers l'éducation et des emplois stimulants, peut prolonger la période sans démence.
Sur la plan pratique, les experts s’accordent pour souligner l’importance d'encourager les bonnes performances scolaires chez les enfants et favoriser l'engagement intellectuel tout au long de la vie pour réduire le risque de démence.
Comment augmenter la densité d'idées chez les jeunes ?
L’exemple des pays scandinaves
Dans les pays scandinaves, plusieurs solutions concrètes ont été mises de l’avant :
En Finlande
Lecture et Écriture : Le curriculum national finlandais met l'accent sur la lecture et l'écriture dès le plus jeune âge. Les élèves passent beaucoup de temps à lire des textes variés et à écrire des essais et des récits, ce qui stimule leur capacité à générer et exprimer des idées.
Les projets interdisciplinaires sont courants. Par exemple, un projet peut intégrer l'histoire, les sciences et la littérature, obligeant les élèves à synthétiser des informations de diverses disciplines et à les présenter de manière cohérente.
Les bibliothèques scolaires en Finlande ne sont pas seulement des endroits pour emprunter des livres, mais des centres d'apprentissage où des programmes de lecture et d'écriture sont organisés. Des ateliers de création littéraire, des clubs de lecture et des concours d'écriture sont couramment proposés.
Les écoles finlandaises encouragent la participation à des clubs de débats et de discours. Ces activités aident les élèves à développer leurs compétences en argumentation et en présentation, augmentant ainsi leur densité d'idées en les obligeant à formuler et structurer leurs pensées de manière claire et concise.
En Norvège
Les élèves sont encouragés à lire des textes critiques et à analyser les arguments, les structures et les styles. Cela inclut des articles de presse, des essais et des discours politiques, ce qui développe leur capacité à comprendre et à exprimer des idées complexes.
Les enseignants encouragent les élèves à écrire sur des sujets d'actualité, en les incitant à réfléchir de manière critique et à exprimer leurs propres opinions de manière structurée.
Les élèves participent à des projets de recherche sur des sujets variés, où ils doivent collecter, analyser et présenter des données. Cela les aide à développer des compétences en recherche et en présentation, renforçant leur capacité à exprimer des idées de manière claire et concise.
Les écoles norvégiennes collaborent souvent avec les bibliothèques publiques pour organiser des programmes de lecture et d'écriture. Ces programmes peuvent inclure des ateliers d'écriture créative, des clubs de lecture et des concours de rédaction.
Références :
Analysis of Idea Density (AID): A Manual, Vineeta Chand, Kathleen Baynes, Lisa Bonnici, Sarah Tomaszewski Farias.
Good Elementary School Grades Linked to Lower Dementia Risk, Megan Brooks.
Linguistic Ability in Early Life and Cognitive Function and Alzheimer's Disease in Late Life, Findings From the Nun Study, David A. Snowdon et all.
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